Tout ce dont les congolais ont besoin c’est la paix. Que les mamans et papa aillent travailler tranquillement dans leurs champs ou leurs bureaux. Que les enfants partent paisiblement à l’école et profitent de leur enfance en jouant aux billes, au foot et surtout dorment sur leurs deux oreilles sans le son des bombes et la peur de savoir s’ils mangeront le lendemain.
La République Démocratique du Congo fait face à une injustice au vu et au su de la communauté internationale depuis des années. Elle vit le conflit le plus meurtrier de l’histoire depuis la 2e guerre mondiale avec des millions de morts en l’espace de 20 ans. Et personne n’en entend parler. Certains parlent de six millions de morts et d’autres de 10 millions de morts depuis les années 90. Cela représente la disparition de toute la population suisse.
D’où est parti le problème et quel a été l’élément déclencheur du conflit ?
Une part de tout cela a probablement commencé avec la guerre au Rwanda - sans revenir au triste passé plus antérieur de la RDC.
Début des années 1990, alors que le pouvoir rwandais est entre les mains des Hutus, un mouvement Tutsi - le Fonds patriotique rwandais (FPR) - se crée et lance une offensive militaire depuis l’Ouganda pour prendre le pouvoir. En 1994, le FPR prend le contrôle de Kigali et continue la guerre contre les Hutus et leurs Forces armées rwandaises (FAR). L’avancée des FPR sur le territoire rwandais cause la fuite de nombreux civils et militaires à l’Ouest du Rwanda jusqu’à l’Est du Zaïre (actuelle RD Congo).
Sur recommandation de la communauté internationale et au nom du droit international humanitaire, le Zaïre se voit alors forcé d’ouvrir ses frontières à l’Est pour accueillir les réfugiés rwandais qui fuyaient la guerre. Vous vous souvenez peut-être de la fameuse opération Turquoise menée par l’armée française qui avait pour but de mettre fin au massacre au Rwanda. Les français étaient descendus par l’Est du Congo pour surveiller les mouvements migratoires. Mobutu, président de la RDC à l’époque, était pourtant réticent face à cette mission. Se doutait-il du plan machiavélique qu’il y avait derrière ? Il devinait peut-être l’intérêt des grandes puissances à déstabiliser l’Est du Congo pour pouvoir mieux exploiter les innombrables minerais de la région. Il pressentait probablement aussi que son pouvoir s’affaiblissait et que les puissances occidentales souhaitaient la fin de son règne.
En 1996, d’immenses camps de réfugiés se retrouvent donc à l’Est du Zaïre. Parmi cette marée humaine de personnes qui fuyaient la guerre, il y avaient des civils, mais aussi les militaires issus des Forces armées rwandaises chassées du pouvoir et chargés d’un important arsenal militaire. Dans les camps de réfugiés, ces militaires, principalement Hutus, se sont regroupés sous le nom de Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et ont commencé à s'entraîner pour se préparer à reprendre le pouvoir à Kigali.
Kagamé (l’homme fort du nouveau régime tutsi) a alors utilisé cette menace pour attaquer les camps de réfugiés et poursuivre les FDLR. En 1996-97, certaines personnes parlent alors de 2ème génocide à l’Est du Congo. De nombreuses personnes ont été tuées dans les camps à cette époque sur l’impulsion de Kagamé, mais les chiffres n’ont jusqu’à ce jour pas été révélés officiellement. Des fosses communes où les morts étaient entassés ont été cachées. Ce génocide reste encore tabou et contreversé.
Encore aujourd’hui Kagame utilise le prétexte de la présence des FDLR pour justifier certaines incursions de l’armée rwandaise à l’Est du Congo et cette situation est l’une des raisons majeures de l’insécurité actuelle.
Pourtant, il paraît peu probable que les FDLR existent encore et préparent actuellement le renversement de pouvoir à Kigali. En effet, depuis 1994, plusieurs accords de coopération militaire entre le gouvernement congolais, rwandais et la mission de Nations Unies ont été mis en place pour mettre fin aux FDLR. Il y a eu entre autres l’opération Umoja Wetu en 2009 : le contingent rwandais est resté plusieurs mois au Congo en collaboration avec l’armée congolaise pour dissoudre les FLDR.
On peut donc difficilement comprendre qu’après tant d’années, dans une zone aussi bien militarisée, on continue à parler des FDLR. En outre, si ces ex-FDLR visaient vraiment le pouvoir de Kigali, pourquoi sèmeraient-ils la terreur au peuple congolais et non au peuple rwandais ?
Enfin, le conflit ne s’est pas arrêté à l’Est. L’instabilité créée dans la région a fait fuir les réfugiés ce qui a créé des répercussions jusqu’en Equateur (au Nord) précisément à Mbandaka. Là-bas, un nouveau mouvement rebelle s’est créé, le Mouvement de libération du Congo (MLC), dirigé par Jean-Pierre Bemba qui bénéficiait du soutien de l’Ouganda.